Le champ de la santé est de plus en plus massivement investi par l’ensemble des sciences sociales. Les approches académiques et disciplinaires, qui ont donné à ces approches leurs fondements théoriques, ont singulièrement évolué sous la pression de la « demande sociale » et de la nécessité du dialogue interdisciplinaire, notamment avec les sciences médicales. Il convient désormais de questionner non seulement les attentes, les savoirs et les pratiques des populations, mais aussi les tenants idéologiques, politiques et culturels de la diffusion de savoirs et techniques médicaux et d’en mesurer leur impact sur le fonctionnement du système de santé dans son ensemble.
Le défi est désormais d’analyser des configurations complexes construites à partir de mondes sociaux différents (les usagers, les personnels de santé, les techniciens de la santé publique, les administrateurs de la santé, les États, les experts nationaux et internationaux) caractéristiques de la » modernité » africaines. Économistes, juristes, politologues, géographes, démographes, anthropologues, historiens ont dû « entrer » dans les systèmes de santé, se préoccuper de l’organisation de l’offre de soins et non plus se limiter aux seules « demandes » des populations. Les sciences sociales ont ainsi incontestablement gagné en légitimité auprès des milieux médicaux, des agences de développement, des bailleurs de fonds, comme l’attestent les moyens dont peuvent disposer les équipes qui acceptent d’articuler leurs préoccupations de recherche à la « demande sociale ». Mais le risque de tendre vers l’ingénierie sociale est toujours présent. Il convient alors pour toutes ces disciplines de conserver une attitude critique (dans le sens plein du terme), en revenant sur leurs « fondamentaux » et en laissant une large place à l’approche diachronique, voire historique.
Nous proposons, au cours de cet atelier, de revenir sur l’évolution du positionnement de diverses disciplines de sciences sociales face à l’objet « santé ».
– Quelles sont les pistes de recherche que l’on peut explorer ?
– Quels sont les blocages méthodologiques qu’elles présentent ?
– Comment investir plus largement le terrain de la santé ?