Annuaire des personnes


Annuaire des chercheur-es et des personnels de la recherche travaillant dans le domaine des études africaines en France

Emilie Guitard

Fonction

Chargé-e de recherche / CNRS

Affiliation

Pôle de recherche pour l’organisation et la diffusion de l’information géographique (PRODIG)

Email professionnel

emilie.guitard@cnrs.fr

Téléphone professionnel

0660242467

Présentation

En tant qu’anthropologue, je documente et interroge les relations à la nature dans plusieurs villes d'Afrique subsaharienne. De la gestion des déchets dans deux villes moyennes du Cameroun aux rapports aux arbres du centre d'historique d'Ibadan au Nigeria, en passant par les perceptions des changements environnementaux des habitant.e.s de la petite ville minière de Hwange au Zimbabwe, j’associe enquête ethnographique, méthodes issues de l'ethnoscience et collaborations artistiques sur le terrain pour appréhender les savoirs locaux sur la biodiversité urbaine, le rôle de la nature dans la définition des identités citadines ou encore la place accordée au végétal dans la gouvernance municipale à l'ère de la « ville durable ».

Dans le cadre d’une thèse de doctorat en Anthropologie de l’Université Paris Nanterre, soutenue en 2014 et intitulée « Le grand chef doit être comme le grand tas d’ordures ». Gestion des déchets et relations de pouvoir dans les villes de Garoua et Maroua (Cameroun), j'ai pu analyser pourquoi, dans ces villes moyennes du Nord et de l’Extrême Nord du Cameroun, on dit des « chefs », soit des détenteurs de l’autorité à l’échelle d’une famille, d’un quartier, de la cité ou autrefois d’un royaume, qu’ils doivent être « comme des grands tas d’ordures ». Les conceptions locales des excrétions corporelles, des objets déchus et des restes des activités du quotidien font en effet du contrôle et de la manipulation des déchets un élément majeur d’une « gouvernementalité » (Foucault) particulière. Celle-ci s’opère via des « techniques du corps » et des « techniques de soi » spécifiques autour du détachement entre soi, ses déchets corporels et ses possessions matérielles. L’analyse généalogique des discours et des pratiques de gestion individuelles et institutionnelles des déchets depuis la fondation des deux villes au XVIIIe siècle jusqu’au début du XXIe siècle, marqué par la privatisation de ce service public, a permis de saisir comment les tas d’ordures dans ce contexte peuvent être considérés comme de véritables « dispositifs de pouvoir » et le contrôle des immondices comme un instrument puissant de gouvernement de soi et des autres.

Dans la continuité de ces premiers travaux, j'ai poursuivi ma réflexion sur les interactions entre gouvernance urbaine et citadinité en Afrique subsaharienne en me tournant vers les rapports à la nature en ville dans ce contexte. En 2015, dans le cadre de l'ANR JCJC PIAF (Programme sur les Indicateurs Autochtones de la Faune et de la Flore), j'ai documenté les perceptions des changements environnementaux des habitant.e.s de la petite ville de Hwange (Zimbabwe), en bordure d’une aire protégée, à travers leurs connaissances de la biodiversité animale et végétale locales. Puis de 2015 à 2019, comme chargée de mission Recherche et directrice adjointe de l'IFRA Nigeria (MEAE/CNRS), j'ai pu amorcer de nouvelles recherches sur les savoirs sur et les rapports aux arbres des habitant.e.s du centre historique de la ville d'Ibadan (Nigeria).
Depuis 2019, je poursuis mes recherches comme chargée de recherche au CNRS (section 39) au sein de l'UMR Prodig, et depuis 2021 comme porteure de l'ANR JCJC INFRAPATRI "Savoirs et attachements urbains en Afrique subsaharienne (Bénin, Cameroun, Nigeria, Sénégal): identification et production d'un infra-patrimoine" (https://anr.fr/Projet-ANR-20-CE27-0011), en collaboration avec des chercheur.e.s en anthropologie, botanique, géographie, histoire et urbanisme et des artistes visuel.le.s et plasticien.ne.s du Bénin, du Cameroun, des Etats-Unis, de France, du Nigeria et du Sénégal.

En parallèle, j'ai développé depuis 2017 un intérêt pour les imaginaires africains et afro-descendants exprimés dans les productions artistiques et culturelles de masse (cinéma, littérature) et pensant notamment les villes africaines dans le futur. D'un point de vue méthodologique, je m'inscris par ailleurs dans les intenses réflexions en cours sur le développement des écritures alternatives en SHS et des collaborations entre chercheur.e.s et artistes sur les terrains d'enquêtes.

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