Présentation
Titulaire d’un Doctorat en science politique (soutenu à l’Université de Bordeaux le 11 avril 2019) avec une expérience de six ans au barreau de Tunis, j’ai été amenée, tout au long de mon projet doctoral portant sur "Le principe d’égalité Hommes-Femmes en République tunisienne de Bourguiba à Ben Ali", à interagir et rechercher la collaboration avec des professionnels de différentes cultures en confrontant mes connaissances et mon expérience de juriste avec celles disponibles dans des disciplines connexes, et en les mettant en synergie.
En effet, pour mener à bien mes recherches sur l'égalité des sexes en Tunisie, j'ai inscrit mon étude dans une approche totalisante, en dépassant le cadre purement juridique – tout en lui restant étroitement fidèle – en situant la question dans son contexte global, socioculturel et politique pour chercher les facteurs qui influencent le changement. J'ai essentiellement privilégié une approche sociologique, compréhensive. Mon étude est ancrée également dans une approche analytique qui concerne la politique féministe autoritaire menée par l’État et les moyens mobilisés pour opérer la modernisation du statut des femmes.
Les recherches menées dans cette étude se situent dans le cadre de l’analyse du volontarisme étatique dans l’accélération du processus d’égalité entre les femmes et les hommes. Notre postulat de départ est que l'émancipation de la femme en Tunisie émane d'une volonté politique impulsée depuis le haut par le pouvoir tunisien par le biais d’une réforme juridique. Nous défendons l’idée selon laquelle le rapport entre l’État et la question féminine en Tunisie demeure indissociable. La libération des Tunisiennes ayant été portée par le dirigisme étatique dans le cadre d’un régime de type autoritaire, il nous a semblé important de chercher à comprendre et à expliquer les paradoxes de ce projet autoritaire de modernisation ainsi que les dynamiques sociales et les tensions qui en résultent. Notre réflexion s’est constituée autour d’un deuxième axe, à savoir le rapport complexe qu’entretient le régime autoritaire tunisien avec la question féminine. Nous avons ainsi émis l’hypothèse que les raisons de l’engagement du régime dépassent la simple émancipation des femmes ou l’instauration d’une égalité entre les sexes pour s’inscrire dans une logique de contrôle, de répression, et dans un rapport clientéliste. Cette partie constitue une critique du féminisme officiel et de la manière avec laquelle il monopolise la question féminine. Nous en sommes venus à analyser la monopolisation de la cause féminine par le régime tunisien ainsi que les réactions et/ou les mobilisations des femmes et leur opposition à cette politique féministe autoritaire.