Présentation
Mes recherches s'engagent dans une anthropologie historique de la
globalisation, en m'appuyant sur l'exemple des
sociétés de l’océan Indien, en particulier celles
de Madagascar. Dans ma thèse, j’ai ainsi étudié
l’histoire de groupes sociaux malgaches sur la
longue durée, en adoptant une démarche
pluridisciplinaire. Un axe central de mon travail
consiste à replacer l’histoire de ces sociétés
dans l’ensemble plus vaste de l’océan Indien
occidental, compris comme une économiemonde
intégrée par les réseaux commerciaux et
les liens culturels de longue durée (Afrique
swahili, Péninsule arabique, Gujarat). Dans le
contexte de croissance de l'économie atlantique
aux XVIIIe-XIXe siècle, le sud -ouest de l'océan
Indien s'incorpore dans les circuits de
l'Atlantique, influant ainsi les réseaux
économiques et les fonctionnements politiques.
Mes thématiques de recherche s’insèrent dans
plusieurs champs d’étude. Elles s’inscrivent tout
d’abord dans le courant de l’histoire globale,
puisqu’elles visent à saisir les trajectoires des
groupes sociaux dans le phénomène de
mondialisation, en particulier au cours de la
transition majeure du XIXe siècle. Cette
perspective met l’accent sur les phénomènes de
mutations économiques, appuyés par
l’établissement de séries statistiques nouvelles
et l’analyse des réseaux de commerce de
produits divers (produits bruts et manufacturés).
La traite des esclaves et des engagés est
également abordée d’un point de vue social et
économique.
Mes travaux sont aussi profondément marqués
par les apports de l’ethnologie. Au niveau
méthodologique, cela se traduit par une pratique
de terrain, le recours aux sources orales et
l’analyse des rituels. Il s’agit ainsi de confronter
les connaissances tirées des archives écrites à
l’oralité et aux historicités des sociétés étudiées.
Cette approche permet de questionner en
particulier les territorialités et la construction des
identités, notamment dynastiques et ethniques.
Le troisième axe de mes recherches est
consacré à l’étude des formes de colonisation
du début du XIXe siècle (époque des « points
d’appui ») à la première guerre mondiale. Les
formes culturelles, politiques et économiques
issues de ce contexte sont au coeur de ma
réflexion. Elle privilégie l’étude des modes de
gouvernement indigène, des missions, du statut
des travailleurs dans les plantations et de
l’organisation urbaine des comptoirs. Il s’agit de
s’engager dans une réflexion sur l’impact de la
colonisation sur les sociétés locales en
cherchant à mettre en évidence les rythmes
historiques et les territorialités dans ce contexte
de mutation.