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Appel REAF, Afriques enchantées, Afriques en chantiers

Les 5èmes Rencontres Scientifiques des Études Africaines en France (REAF) se tiendront du  9 au 12 juillet 2018 à Marseille, sur le site Saint Charles d’Aix Marseille Université.

Soutenue par le GIS Afrique, l’édition 2018 des Rencontres des Études Africaines en France est organisée par les équipes travaillant sur l’Afrique des laboratoires suivants : le LPED, l’IMAF, le Centre Norbert Elias, l’URMIS, le CIELAM et l’IREMAM.

En parallèle des REAF 2018 se tiendra la quatrième édition des Rencontres des Jeunes Chercheur.e.s en Études Africaines (JCEA).

Consignes :

– Le dépôt de la proposition de panel se fait en ligne sur le site des REAF : https://reaf2018.sciencesconf.org

– Un résumé de 500 mots maximum présentant le panel

– Choix d’une thématique unique pour « classer » la  proposition

– Le texte de 500 mots maximum sera soumis à deux évaluateurs. Ce texte est à rédiger directement sur le site. Il n’est pas nécessaire d’inclure la liste des références bibliographiques citées dans le texte. 

Calendrier

1 / Les propositions de panel sont attendues pour le 8 janvier 2018. 

2 / Validation des propositions de panel par le comité scientifique pour le 30 janvier 2018.

3 / Mise en ligne de la liste des panels le 1er février 2018

4 / Date limite de soumission des communications individuelles pour le 28 février 2018

5 / Composition de leur atelier par les coordinateurs de panel et dépôt en ligne  le 13 mars 2018 .

6 / Validation  des ateliers complets par le Conseil Scientifique avant  le 23 mars 

7 / Mise en ligne de la liste et de la composition finale des ateliers le 24 mars 

Préambule

Le continent africain, avec plus d’un milliard d’habitants, sa jeunesse, l’importance de ses ressources naturelles, les grands aménagements qui s’y multiplient et la modernisation qui s’y accélère est souvent associé, dans les médias, aux nouveaux miracles économiques, aux innovations sociales, artistiques et culturelles.

Les politiques économiques et sociales déployées dans les mondes africains viennent rencontrer des enjeux locaux de valorisation et de préservation des pratiques culturelles comme des ressources naturelles alimentant tour à tour afro-pessimisme et afro-optimisme, enchantement et désenchantement, mythologies d’une africanité rimant avec authenticité et d’un développement économique rimant avec modernisation.

La capacité de résistance, de transformation et de résilience des sociétés africaines face aux dominations, aux violences et aux crises, interroge et fascine. Énergie des individus, dynamisme supposé des solidarités, communautés et familles, héroïsme au quotidien des femmes et des plus démunis, élan des mouvements sociaux, créativité religieuse, amplification des circulations licites et illicites, sont mis en avant comme des atouts propres à ce continent. Les versants plus sombres de ces dynamiques interpellent également : prosélytismes et radicalismes armés sur des bases religieuses, culturelles ou communautaires, mobilisation de la sorcellerie dans le champ des concurrences ou des conflictualités  sociales.

Ces illusions, projections, fantasmes et stéréotypes qui collent aux dynamiques plurielles du continent africain sont tenaces, et fondent en partie l’attraction et la séduction exercées par ce continent. Cependant les termes mêmes de domination, de tragédies mais aussi de résistances, d’indocilité ou de résilience, si souvent appliqués au continent africain, risquent d’éluder les rapports historiques, économiques, politiques et sociaux qui s’y jouent.

Les 5e Rencontres scientifiques des Études Africaines en France proposent de revenir sur les mécanismes de construction, de diffusion et d’instrumentalisation de ces représentations. Comment se sont-elles construites ? Comment, dans l’histoire du continent, l’enchantement et ces désenchantements ont-t-ils été fondateurs de multiples formes de convoitises et de dominations ? Qu’en est-il des formes « prolongées » de mises en dépendance héritées d’un passé lointain? Comment sont-elles entretenues ? Les mémoires et les pratiques anciennes ne se prolongent pas seulement dans le présent, et elles devront faire l’objet d’une interrogation en tant que telles. En quoi l’enchantement et ces désenchantements animent-ils des actions politiques nationales et internationales, mais aussi des discours littéraires, politiques, scientifiques et des mobilisations populaires ?

Des ateliers portant sur des thématiques ou des orientations nouvelles de la recherche sur les Afriques, présentant des regards renouvelés sur des objets récurrents, ou mettant l’accent sur des développements récents de la recherche ou des thèmes comparatistes sont attendus. Des ateliers pluridisciplinaires ou interdisciplinaires sont également sollicités. Ils pourront mettre en avant  les thèmes suivants :

Axe 1 : Les chantiers de l’enchantement

Des “objectifs du millénaire” aux “objectifs de développement durable”, les liens entre programmatique internationale,  enjeux nationaux et réalités socio-économiques sont réinterrogés. L’enchantement et les désenchantements suscités par la production des chiffres du développement sont au cœur des débats. Dans quelles conditions ces projets sont-ils déployés ? Comment ces productions chiffrées sont-elles utilisées pour justifier l’action politique nationale et internationale ?

À une autre échelle, la révolution technologique longtemps espérée s’amorce. Les capitales africaines sont en chantier. Ces grands projets riment aussi avec dégradation de l’environnement, déplacement de populations, suppression des activités génératrices de revenus sans qu’aucun programme de substitution ne soit élaboré. Parallèlement, de nouveaux réseaux d’économies alternatives et solidaires sont très visibles et présents sur le terrain : quel est le bilan de leurs activités ? Quels sont les enjeux de l’émergence de ce qui apparaît  comme un eldorado vert ?

Qu’en est-il des grands chantiers coloniaux et des constructions (étatiques, architecturales, intellectuelles) précoloniales ?  Leur contenu intrinsèque de violence, d’oppression, de division aux effets durables seront documentés et discutés.

La créativité culturelle et artistique du continent, et son attractivité touristique, font tout autant objet d’enchantement que d’un « business » dépendant de marchés, mécénats et financements exogènes. L’Afrique est un terreau pour la « world music » cosmopolite quand la plupart des artistes africains vit quotidiennement dans une grande précarité économique.

La réflexion au sein de cet axe portera prioritairement sur les thèmes suivants :

  • L’enchantement des chiffres et des objectifs internationaux
  • Les grands chantiers d’aménagement : un mirage ?
  • Révolution numérique, réseaux sociaux et mouvements des nouvelles économies solidaires
  • Des transmutations et innovations des champs ethnique et religieux à la profusion des  prosélytismes
  • Artistes, écrivains et œuvres africains sur les scènes mondiales

Axe 2 : Une nature enchantée, des patrimoines menacés, une agriculture questionnée

Les effets de l’urbanisation, de l’installation des sites miniers, des changements climatiques et environnementaux paraissent comme autant de menaces pour la biodiversité, les espaces naturels mais aussi pour la réalisation d’une auto suffisance alimentaire pérenne comme d’une agriculture familiale durable. La pression anthropique est souvent présentée comme étant menaçante pour la préservation de l’environnement pourtant les conditions d’exploitations techniques et économiques des paysans africains (difficile accès au crédit et à l’investissement, manque de soutiens publics) sont plus rarement évoqués comme étant une entrave majeure à l’optimisation d’une production agricole permettant la préservation de l’environnement. Quand elles le sont, c’est surtout dans l’objectif de légitimer des investissements et modes de production changeant radicalement les structures agraires. Ici sera particulièrement mise en débat la capacité des paysans africains à faire face, à partir de leurs savoirs vernaculaires et de leur accès à l’innovation, aux effets des changements climatiques et environnementaux locaux et globaux.

La nature autrefois représentée et investie communautairement et spirituellement apparaît aujourd’hui menacée par la marchandisation et la spoliation de ces ressources naturelles et culturelles. Les enjeux de la biodiversité, des politiques de patrimonialisation ou la défense des territoires et les mobilisations du sacré, seront interrogés ici.

La réflexion au sein de cet axe portera prioritairement sur les thèmes suivants :

  • Faits et méfaits de l’urbanisation
  • Nouveaux mondes ruraux
  • Agriculture familiale versus agro-business
  • Les mines entre mirage économique et spoliation
  • Ressources naturelles patrimonialisées, menacées et marchandisées

Axe 3 : Désenchantements, migrations et nouvelles solidarités

Les sociétés du continent africain sont perçues comme développant des solidarités tout à la fois fortes et résistantes face à des changements rapides. Qu’elle s’opère au sein des familles ou entre groupes spécifiques (tontines féminines, grin, chaînes économiques entre grands commerçants, diasporas), l’entraide apparaît comme un marqueur des relations sociales qui se déploient sur le continent.

Ces questions méritent d’être revisitées au regard des nouvelles formes de résidence, mais aussi des nouvelles contraintes économiques qui pèsent sur les individus pour accéder aux soins ou à l’éducation. Qui sont les laissés-pour-compte tant de ces espaces urbains, ruraux et péri-urbains ?  

Interroger les capacités de résilience impose également de questionner les nouvelles formes familiales qui se dessinent sur le continent. Pluralité des normes familiales, nouvelles formes de parentalité, de conjugalité et d’alliance seront interrogées au regard des aspirations des individus comme des contraintes socio-économiques. Formes familiales transnationales et parfois transcontinentales contribuent à redessiner les contours de la mondialisation.

Traditionnellement espace de mobilité et de circulation, le continent africain est devenu pour nombre de jeunes en quête d’une vie meilleure, un territoire de l’enfermement. Les tentatives périlleuses de franchissement des frontières de l’Europe témoignent à la fois du désenchantement des jeunesses d’Afrique, de leur dynamisme pour transformer les perspectives d’avenir mais aussi des résistances qu’ils opposent à la dépossession des ressources économiques.

Contribuant à l’amplification des circulations à l’intérieur du continent, ces nouvelles formes migratoires sont rythmées par des temporalités propres et sous-tendues par des ethos migratoires spécifiques. Dans quelle mesure les situations d’incertitude et d’étirement indéfini du temps de l’exil qui caractérisent ces mobilités contribuent-elles à distendre les liens familiaux et les attaches locales ? Dans quelle mesure les formes réticulaires des liens sociaux et les rencontres cosmopolites propres aux itinéraires de l’errance fournissent-elles des opportunités de s’insérer dans des réseaux d’activité licite ou illicite au niveau du continent ? Comment ces nouvelles mobilités s’articulent-elles avec les formes plus anciennes mais toujours vivaces des mobilités religieuses, des circuits commerçants et des déplacements de travail dans les espaces régionaux ?

La réflexion au sein de cet axe portera prioritairement sur les thèmes suivants :

  • Recomposition des États et de la délivrance des services publics
  • Migrations et mobilités
  • Jeunesse et  mouvements sociaux
  • Mutations des familles et recomposition des solidarités
  • Nouvelles élites et émergences des sociétés métisses
  • Réseaux d’activisme artistique
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