Le Bureau des jeunes chercheur·es du GIS Études africaines en France (Stevellia Bajolle Nyama, Noémie Goux, Alexandre Gaudry, Rubis Le Coq, Hugo Mazzero, Anja Marine Rakotonirina) organise sa première journée d’études sur le thème « Les Afriques face aux enjeux écologiques contemporains » le vendredi 17 mai 2024 à partir de 09h30, à la Maison des Suds sur le Campus Universitaire de Bordeaux à Pessac.
Evénement accessible en visio-conférence au lien suivant : (lien mis à jour ) https://u-bordeaux-montaigne-fr.zoom.us/j/86332623040
©Matthieu Duperrex, Rufisque, Sénégal, 2019
ARGUMENTAIRE
Dans un contexte où les enjeux environnementaux s’inscrivent au coeur de l’agenda politique mondial, on peut légitimement s’interroger sur les éventuelles particularités du continent africain qui se trouve dans son ensemble confronté à des défis écologiques majeurs (Calvin et al, 2023, Steffen et al, 2015). Ses régions sont en effet concernées d’un côté par des dynamiques de croissance économique, d’industrialisation et d’urbanisation accélérée, et de l’autre par des vulnérabilités qui se développent ou sont nourries par ces contextes. Ces écarts au sein du continent, en partie hérités de la période coloniale, sont d’ailleurs souvent lus à travers une dichotomie inégalité-interdépendance, autant au niveau local (entre espaces urbain et ruraux) qu’au niveau international (entre pays des Nords et des Suds).
L’ensemble de ces facteurs fait ressortir la nécessité de penser les questions écologiques dans
leur spécificité au sein des Afriques. Pourtant, dans les débats et échanges internationaux des dernières décennies, ces problématiques semblent jusque-là relativement peu considérées, ou du moins adressées selon des cadres et lectures de pays occidentaux (Manji, 2007), stratégiquement orientées (Hearn, 2007) ou encore reléguées au second plan de l’agenda politique au profit d’enjeux qui seraient plus “urgents”. De ce fait, les initiatives et actions issues du local pour répondre à ces défis environnementaux se retrouvent invisibilisées, pouvant laisser croire à un manque d’engagement citoyen à ce niveau.
Nous proposons que la relégation des enjeux écologiques à l’arrière-plan de dynamiques de développement assourdissantes (Brunel, 2005) ne résulte pas d’une
réelle absence de ces questionnements au sein du continent. Plutôt, dans ces contextes à matrice coloniale (Blanc, 2020), elle résulterait de relations internationales et de logiques d’interdépendances animées par des jeux de pouvoir, d’une mondialisation à gestion unilatérale, ainsi que de la reproduction d’inégalités qui se retrouvent dans la circulation des productions académiques sur le sujet. Certaines sociétés et territoires africains s’emparent des questionnements relatifs aux crises environnementales actuelles, laissant entrevoir des dynamiques politiques et des démarches militantes originales. Celles-ci dessinent les contours d’un “paysage contemporain de l’Afrique environnementale” (Rodary, 2011), riche d’approches plurielles qui tendent à répondre à des problématiques et des modes d’actions situés.
L’objectif de ces tables rondes sera donc de penser les défis écologiques depuis les Afriques. La focale portera sur les manières dont les sociétés africaines se
représentent les enjeux environnementaux globaux, s’emparent des questions écologiques et (ré)inventent des politiques ou des actions militantes, ces initiatives pouvant constituer des sources d’inspiration pour d’autres territoires. Organisé par le premier Bureau des Jeunes Chercheur.euses du GIS Études Africaines en France, cet événement scientifique est pensé comme une introduction aux objectifs du collectif :
1) contribuer à élargir des espaces de partage de connaissances autour du continent
2) valoriser la recherche contemporaine menée par et à destination de jeunes chercheur.euses,
3) visibiliser les productions de chercheur.euses africain.es et
4) tenter d’ouvrir un dialogue académique entre France et Afriques.
À l’image de la composition du bureau, la thématique sera abordée au prisme de l’interdisciplinarité au sein des SHS, dans une perspective de mise en dialogue des approches, des démarches et des postures. La rencontre s’organisera en deux tables rondes thématiques questionnant la gestion durable des ressources et les impacts environnementaux (Axe 1), la manière d’écrire et de décrire l’écologie depuis les Afriques (Axe 2).
PROGRAMME
9h30-10h00 : Accueil des participant.es
10h00-11h : Propos introductif : présentation du GIS Études africaines en France , par Hervé Pennec, Directeur, et présentation du bureau jeunes chercheurs du GIS, introduction théorique de la journée
(Anja Marine Rakotonirina et Noémie Goux)
11h-13h : Axe 1 : Gestion durable des ressources et impacts environnementaux
Modération : Hugo Mazzero et Rubis Le Coq
3 communications de 20 minutes + 1h de discussion
- Ibrahim Khalil Sanogo, “La protection de l’environnement sur le continent africain entre droits et traditions » – Docteur en droit, Aix-Marseille Université
- Joseph Bohbot, « Limiter les dégâts environnementaux de l’activité minière artisanale : de l’échec des initiatives top-down à la réussite des régulations informelles » – Doctorant en géographie, Laboratoire Médiations, Sorbonne Université, Paris
- Youssoupha Tall, « Savoirs sur la « dégradation » écologique et mobilisations à «bas bruit » pour la préservation du lac de Guiers au Sénégal » – Sociologue, Postdoctorant à l’IRD UMR G-Eau, Montpellier
13h – 14h30 : Pause repas
14h30 – 16h30 : Axe 2 : Écrire/décrire l’écologie depuis les Afriques
Modération : Stevellia Moussavou Nyama et Alexandre Gaudry
3 communications de 20 minutes + 1h de discussion
- Juliette Reflé, « Multi-vocalité des discours, pratiques et représentations sur la vulnérabilité côtière de Cotonou à Lagos » – Doctorante en Science Politique et Géographie, Global Studies Institute, Université de Genève, Centre de Recherches Internationales, Sciences Po Paris
- Fabiola Obame, « Réflexion sur les pratiques écoculturelles dans le Bassin du Congo : de la décolonisation à la préservation de l’espace » – Professeure assistante, Université Omar Bongo, chercheure associée au laboratoire Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image (HCTI)
- Claire Dutrait, « Figures perturbantes de l’écologie des savoirs, l’enseignement de Dakar », Autrice-enquêtrice en doctorat de pratique et théorie de la création littéraire et artistique, CIELAM, Aix-Marseille Université
16h30 : Mot de fin par Stéphanie Lima, Directrice Adjointe du GIS Études africaines
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