Les Rencontres des Études africaines en France


Retrouvez l'ensemble des ateliers proposés lors des différentes rencontres organisées par le GIS

A la croisée des pluralismes

REAF 2010
Recherches et débats : réinventer l'Afrique?
Bordeaux

Présentation

Depuis 1990, on assiste à un retour au pluralisme politique, ré-autorisé, ou re-proclamé à la faveur des bouleversements des relations internationales après la fin de guerre froide. Conformisme de façade pour des autocrates sous conditionnalités, ou réels processus de démocratisation encore en cours de consolidation, le pluralisme politique est une condition obligée du régime représentatif, qui se formalise notamment via les partis politiques et les élections. C'est une condition essentielle, mais pas suffisante, comme le montre la variété des régimes hybrides, démocraties amputées par des adjectifs, autoritarismes qui n'en ont pas le nom mais qui constituent finalement une zone grise, entre démocratie et autoritarisme, majoritaire en Afrique et dans le monde arabe. Il nous faut nous interroger sur la nature des pluralismes politiques nés ou re-nés depuis 1990 Comme nait-il ? comment se structure t-il ? quels clivages le fondent ? Mais quelle que soit sa réalité, son effectivité ou sa rationalité, le retour au pluralisme politique se nourrit d'autres pluralismes, sociaux, religieux, ethniques, culturels. Ces pluralismes s'incarnent dans d'autres acteurs que les partis politiques, dans l'espace public (la société civile ?) et procèdent de modes opératoires qui peuvent être partagés ou spécifiques. Ces pluralismes participent du pluralisme politique, le nourrissent et constituent une ressource dans la mobilisation politique. Ils peuvent parfois se confondre, comme dans le modèle consociatif. Mais ils peuvent aussi être contre, le circonscrire, le neutraliser, palier sa déficience ou relativiser son omnipotence. Ces pluralismes constituent des espaces inscrivant les individus dans l'espace public, mais aussi dans l'espace politique. Ces sont des modalités de socialisation, de mobilisation qui constituent aussi les individus en citoyens et qui peuvent devenir des canaux de participation politique. Sur certains dossiers sociaux et économiques, les acteurs nés de ces pluralismes peuvent se révéler incontournables, contre pouvoir ou coproducteur des choix politiques et sociaux. Face au bilan très nuancé qui est fait actuellement des transitions puis consolidations démocratiques, aux critiques adressées aux outils d'évaluation des « transitologues » et « consolidologues », il est utile de s'interroger sur les analyses que l'on peut faire de ces pluralismes. Plus encore, dans des contextes de faiblesse du pluralisme politique (absence d'alternances, partis hégémoniques, difficultés des partis politiques), comment les autres pluralismes peuvent-ils participer de la construction démocratique ? comment permettent ils l'inscription des individus dans l'espace citoyen, leur socialisation, leur mobilisation et leur représentation dans des sociétés fondamentalement plurielles ? Nous proposons dans le cadre de cette table ronde de lancer une réflexion sur le croisement des ces pluralismes. Il s'agira de croiser les regards méthodologiques et théoriques, mais aussi de croiser les terrains (Afrique du nord, Afrique noire, moyen orient), afin de construire une recherche comparative. Organisé par Céline Thiriot (MCF, CEAN IEP de Bordeaux)
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