Présentation
La place de l’Afrique dans la mondialisation contemporaine s’est opérée principalement par la construction d’infrastructures lourdes dites corridors de transport, reliant ports et hinterlands. L’efficacité de ce type de réalisation a produit des batteries d’indicateurs et de statistiques, bien utiles pour rendre compte des principaux flux d’économies largement extraverties, mais incapables de traduire la diversité des échanges, des échelles, des acteurs, qui œuvrent le long des corridors ou à côté (Lombard et Ninot, 2012). Or la place de l’Afrique tient aussi à la multitude des circulations assurant l’échange et l’interaction entre les grands flux, qui structurent les économies et les territoires nationaux ou internationaux, et chaque citoyen consommateur ou producteur, en tout point du territoire. Il s’agit des derniers et premiers maillons des chaînes de transports, mais aussi des petits commerçants, de tous ces «liens faibles» dont la force est, selon M. Granovetter (1973), de consolider les réseaux sociaux. Ces liens faibles et/ou discrets constituent de réels marqueurs de l’effectivité de la participation des sociétés aux échanges mondialisés, tout autant que de la diffusion de la mondialisation sur le continent africain. Ils montrent également les liens éventuels entre transport et ce qu’on pourrait nommer développement : par eux, peuvent se mesurer la réalité et les limites de l’équation circuler plus = vivre mieux. Cet atelier aura une double ambition, méthodologique et théorique. D’une part, il s’agira de qualifier et de mesurer les réseaux d’acteurs de l’échange, que l’on pourrait qualifier de «liens faibles» ou «discrets», en référence aux «espaces discrets de la mondialisation» (Pliez, 2007), et d’apprécier les modalités de leurs interactions avec les grands opérateurs logistiques et commerciaux. D’autre part, il s’agira de questionner les espaces relevant de ces interactions (localités relais, aires irriguées par les grands flux) et de s’interroger sur les concordances, convergences ou divergences entre les territoires de la logistique et de l’échange marchand et les territoires construits et administrés par les Etats ou les unions d’Etats.
Bibliographie :
- Granovetter M., 1973, “The Strength of weak ties”, The American Journal of sociology, vol.78 (6), p. 1360-1380.
- Pliez O., 2007,«Des jeans chinois dans les rues du Caire, ou les espaces discrets de la mondialisation», Mappemonde, 88 (4).
- Lombard J., Ninot O., 2012, «Des mobilités aux transports. Regards croisés en Afrique de l’Ouest», Echo Géo, 20.
COMMUNICATIONS
Jérôme Lombard, Olivier Ninot
Introduction à l'atelier "Au-delà des grandes infrastructures. Les réseaux discrets de transport et de l’échange en Afrique"
François Guiziou
Les réseaux de transport somalis en marge des grands corridors éthiopiens
Nora Mareï
Tanger-Med : port africain entre mondialisation et enracinement territorial
Sandra Fiori
Au carrefour de Diéma (Mali) - Observations ethnographiques