Présentation
Si le continent africain est un espace de circulations et d’échanges, ces échanges sont tissés de contacts et interactions langagières, oraux et écrits, qui rendent possibles et accompagnent les mobilités géographiques et sociales des individus, les circulations de marchandises comme celles de pratiques culturelles. Échanges écrits utilisant l'arabe ou l'écriture ajami de langues en contact avec l'islam ; émergence de variétés de contacts de langues locales, et ce dès l'installation des premières comptoirs européens sur les côtés d'Afrique de l'Ouest (McLaughlin 2008) ; usage administratif de langues européennes, ou, au contraire, de langues véhiculaires régionales, par les empires coloniaux puis comme langue officielle des États indépendants (qui font que français, anglais, portugais sont aujourd'hui des langues africaines d'une part, que le swahili a acquis une place, en Afrique de l'Est, que n'occupe aucune autre langue locale sur le continent). La diversité linguistique est importante et le multilinguisme généralisé, les différentes langues en présence cependant n'ont pas le même statut, certaines participent d'un plurilinguisme "à petite échelle" (Lüpke, 2016), d'autres transcendent les frontières étatiques, certaines sont adossées à des pratiques de l'écrit, d'autres non, certaines sont langues administratives officielles et font l'objet d'un enseignement scolaire, d'autres sont indispensable à une insertion urbaine, etc. Aux migrations internes anciennes (migrations saisonnières notamment) s'en sont greffées d'autres, à l'échelle des empires à époque coloniale, ou dépassant les anciennes frontières impériales ; ainsi, suite à la fin de l'Apartheid, celle d'Africains francophones en Afrique du Sud (Bouillon, 1999). La mondialisation par ailleurs a fait surgir de nouveaux acteurs comme ces commerçants et hommes d'affaire chinois qui n'utilisent pas forcément les langues européennes comme langues de transaction (voir notamment Deumert, Mabandla, 2013).
Ce panel propose de réfléchir aux circulations internes au continent à travers les pratiques langagières qui les rendent possibles. Voici quelques-unes des questions qui peuvent être abordées dans les contributions proposées :
- Quelles sont les langues qui ont contribué et contribuent à ces mobilités ? Quelles sont les langues de la mobilité et de la réussite sociale dans les divers pays ?
- En quoi les circulations contribuent à façonner, configurer, reconfigurer les multilinguismes en présence et les équilibres entre langues ?
- Comment les langues gardent la trace des mobilités de leurs locuteurs ?
- Qui sont les intermédiaires linguistiques, les "linguistic brokers", et notamment ceux de la mondialisation ?
Coordination : Béatrice Akissi Boutin
Communications
Ramata N’Diaye
Pratiques langagières et distinctions en contexte migratoire et urbain : cas des migrants congolais à Nairobi, Kenya
Adeline Darrigol
Francophonies et circulations langagières en Afrique centrale : le cas de la Guinée équatoriale
Affoué Cécile N’Guessan
La migration du baoulé et du dioula dans l’administration ivoirienne