Présentation
L'étude du panafricanisme est liée à divers corps de savoirs, notamment les études africaines et les études des diasporas africaines dont certains concepts et outils peuvent être avantageusement utilisés. Il y a néanmoins une historiographie du panafricanisme, caractérisée par une production d'abord en anglais (Martin 1985, Esedebe 1994, Adi et Sherwood 2003) et par l'intervention de savants-activistes qui remodèlent les disciplines scientifiques traditionnelles à travers une focale panafricaniste (CLR James 1938, Padmore 1956, Clarke 1999). Définir le panafricanisme reste pourtant un exercice ardu car les catégories analytiques d'une part et les définitions promues par les acteurs d'autre part ont tendance à se juxtaposer et à se brouiller les unes les autres.
Une distinction temporelle est parfois proposée entre proto-panafricanisme et panafricanisme (Geiss 1968 : 30-40) ; les différences entre un « panafricanisme racial » et un « panafricanisme continental » sont soulignées (Drake 1982 : 353-359) ; le mouvement politique appelé « Panafricanisme » est distingué d'un large spectre d'expressions éphémères qui incluent les arts, appelé « Panafricanisme » avec une majuscule (Shepperson 1962). Cette multiplicité souligne une faiblesse théorique due à la difficulté de circonscrire le mouvement panafricain. Ces dernières années, plusieurs ouvrages se sont centrés sur des trajectoires panafricanistes singulières (Sherwood 2012, Falola et Essien 2014) ainsi que sur l'Union africaine (Edozie 2014). Les rares textes en français restent superficiel à l'exception d'une récente histoire du panafricanisme (Boukari-Yabara 2014). Le besoin d'un engagement des sciences sociales françaises sur le sujet n'en est que plus vif.
Cet atelier invite les jeunes chercheurs, chercheurs et enseignants-chercheurs à exposer des données empiriques sur le panafricanisme avec l'objectif de réfléchir ensemble à la nature du panafricanisme et à la complexité de ses définitions. Une attention particulière pourrait être portée aux acteurs (individuels, collectifs ou institutionnels), aux événements (festivals, congrès, conférences) qui rythment les chronologies associées au mouvement panafricain et aux pratiques sociales (production intellectuelle et activiste, relations inter-ethniques, mobilités) à travers lesquelles se « fabrique » le panafricanisme. Tout en privilégiant une approche micro permettant de dépasser les discours pour en étudier les conditions de production, les interventions tenteront d'aller au-delà des élites politiques pour rendre au panafricanisme son épaisseur sociale et populaire (Geertz 1973). Des exemples pourront être tirés des différentes aires d'influence du panafricanisme (Afrique, Amériques, Europe) et s'appuyer sur les circulations ou les interactions qui les lient, afin d'éclairer les connexions entre plusieurs échelles et espaces où se tissent les significations changeantes du panafricanisme. C'est donc à un autre regard sur l'Afrique et ses relations au monde qu'engage cet atelier.
COMMUNICATIONS
Christine Douxami
Arts performatifs et panafricanisme
Elisabeth Hofmann
Représentantes d'organisations de femmes francophones africaines en mouvement... entre espoirs de pan-africanisme, barrières linguistiques et divergences d'idées
Sakiko Nakao
Adelaïde Casely-Hayford et Jacqueline Ki-Zerbo : le parcours et les idées panafricains des deux Africaines intellectuelles
Claire Nicolas
Les Ghana Young Pioneers, la pratique d'un panafricanisme banal ?
Sara Panata
Le congrès « La femme africaine trace son avenir » de 1960 : un pas ouest-africain vers un « panafricanisme au féminin »
Johanna Tadadjeu Menda'a
Société civile africaine et panafricanisme : quelle contribution dans la conceptualisation et la concrétisation de l'idéal panafricain ?