Les Rencontres des Études africaines en France


Retrouvez l'ensemble des ateliers proposés lors des différentes rencontres organisées par le GIS

Entre hybridation et cloisonnement : les transports africains à la croisée des chemins

REAF 2022
Circulations dans les Afriques, Afriques en circulation
Toulouse

Présentation

Le fonctionnement des sociétés et des économies africaines se fonde, en grande partie, sur les circulations des biens et des personnes. Les effets conjugués des grandes dynamiques contemporaines, que sont la croissance démographique, l’urbanisation, les migrations intra et extracontinentales et la mondialisation, avec le développement massif des infrastructures de transports, contribuent à multiplier et intensifier les circulations, ainsi qu’à complexifier les matrices de liens entre lieux à toutes les échelles d’observation (Lombard, Ninot, 2010). L’enclavement recule partout, les interdépendances par les circulations se renforcent entre centres et périphéries urbaines, entre villes et campagnes, entre pays voisins et entre l’Afrique et le monde.

Dans ce contexte, les systèmes de transports enregistrent de profondes mutations visant à en renforcer les capacités et les performances. Les corridors internationaux se renforcent, les autoroutes se multiplient, les ports et aéroports se modernisent, quand ils ne sont pas doublés par de nouveaux équipements, les projets de BRT, de TER et de métro bouleversent l’offre de transports au sein des grandes métropoles. Le déploiement de nouveaux outils numériques, qui changent les manières de se déplacer, d’accéder aux transports, de fournir un service, de gouverner le secteur, renforce l’impression d’une modernisation radicale des transports sur le continent. Pour autant, les taxis « clandos », les moto taxis, les innombrables minibus, les véhicules de transports mixtes (mêlant voyageurs et marchandises), regroupés dans une catégorie floue d’informel, d’artisanal ou de paratransit (Golblum, 2001), continent, en suivant leurs propres évolutions, de proposer d’indispensables solutions en complément ou en alternative aux services de transports dits « formels ».

L’adoption, sur le continent, de services de transports reprenant des modèles globalisés, promus par les États et leurs partenaires financiers et techniques, et présentés comme à la fois plus modernes et plus efficaces, pose question. Leur articulation aux services existants se présente comme un défi tant pour les décideurs et les professionnels du secteur que pour les chercheurs (Lombard, 2015, Peemans, 1995). L’analyse de la longue histoire des transports africains conduit-elle au constat de développements parallèles et désarticulés ou bien suggère-t-elle l’avènement prochain de systèmes hybrides ? Une autre lecture, qui souligne la faiblesse des derniers maillons souvent informels des chaînes de transport, laisse-t-elle entrevoir la formalisation et le renforcement de ces derniers maillons, à terme, par « ruissellement » ? Les politiques publiques visant une intégration du transport artisanal aux nouveaux transports de grande capacité, conduisant à une hypothétique « normalisation », définissent-elles l’horizon unique du secteur informel ?

Il s’agira, dans cet atelier, de discuter des transformations des systèmes de transport africains, en questionnant à la fois les modalités et conditions d’adoption de nouveaux services, la résilience des services existants, et les différentes formes d’articulation entre les deux. Nous invitons les chercheur.e.s à proposer des contributions à partir d’objets différents, adoptant des approches variées et à plusieurs échelles d’observation, permettant de couvrir la diversité des situations observables sur le continent.

Coordination : Olivier Ninot et Pap Sakho

Communications

Aurégan Xavier
Un modèle chinois « Port-Park-City » en Afrique ? Étude de cas à Djibouti

Bertin Medjo Michel
Échanges commerciaux et développement d’un nouveau mode de transport en Afrique : le cas de l’« ébamba » à la jonction Cameroun-Guinée équatoriale

Diziwe Kossi et Guezere Assogba
Dégradation de l’offre de transport de la SOTRAL et difficultés de basculement des usagers vers les autobus dans le Grand Lomé

Kassi-Djodjo Irène
Transport multimodal : une articulation difficile entre le secteur informel et les transports capacitaires projetés

Lesteven Gaële, Cissokho Dramane, Pochet Pascal, Diongue Momar, Sakho Pap
Les taxis clandos, entre desserte locale des périphéries urbaines et positionnement métropolitain de Dakar

Mugelé Ronan et Tob-Ro N’Dilbé
La diffusion des Rakcha au Tchad : derrière la success story, un champ de bataille ?

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