Présentation
Les États africains ont entamé le processus de démocratisation des institutions depuis les années 1990. Ce processus a ouvert la voie aux transitions démocratiques qui ont permis l’alternance politique au sommet de certains États africains. Dans d’autres cas, les transitions ont échoué et la transmission du pouvoir s’est retrouvée dans les mains des dirigeants qui ont régné sur certains pays africains depuis des décennies. A la suite de troubles politiques couplés d’assassinats ou de mort naturelle de certains chefs d’États africains notamment en République démocratique du Congo (RDC) en 2001, au Togo en 2005, au Gabon en 2009 et tout récemment au Tchad en 2021, leurs enfants se retrouvent à la tête de ces États. Ce phénomène donne un caractère héréditaire et familial à la transmission du pouvoir politique en Afrique. Cette forme de transmission du pouvoir, dans certains cas (RDC, Togo et Tchad), n’a en effet pas respecté les règles établies par la constitution en matière de succession. L’intervention de l’armée a favorisé l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé, fils du défunt président du Togo en février 2005. Cette situation a bousculé l’ordre établi a priori par la constitution et a donné un caractère héréditaire et familial au pouvoir politique en Afrique où la question de l’alternance politique est considérée comme un levier de développement et gage de la démocratie. Il convient donc de savoir comment interpréter ce mode de transmission par le biais de la famille au pouvoir et quelle signification lui donner. L’objectif de cet atelier est d’étudier finement la relation entre famille et pouvoir politique en Afrique en mettant l’accent sur le caractère familial de la transmission du pouvoir. Les résultats attendus sont les suivants : 1) étudier les contextes et le poids de la famille au pouvoir sur les institutions ; 2) identifier les acteurs qui entrent en jeu dans cette forme de prise du pouvoir politique ; 3) mettre en lumière le caractère légal de cette transmission familiale ; 4) faire ressortir les enjeux et les conséquences qui en découlent sur les États africains. Cet atelier s’inscrit dans une approche pluridisciplinaire au croisement du droit, de l’histoire, de l’anthropologie, de la science politique et de la sociologie.
Coordination : Jean-Philippe Gunn et Ayoko-Mwara Amavigan
Communications
Jean-Philippe Gunn
La transmission familiale du pouvoir politique en Afrique : état de la question
Karine Ginisty
Le Frelimo : une famille politique en crise intergénérationnelle
Kodjo Tsolenyanu
La patrimonialisation du pouvoir politique au Togo : enjeux et perspectives
Valérie De Wulf
Le clan Mongomo de Guinée Équatoriale
Gnakouri Jean-Marc Gbodjo
Le Tchad des Deby : comprendre un pouvoir de père en fils