Présentation
On a souvent tendance à justifier par des chiffres le sentiment d’injustice exprimé dans une situation politique donnée, qu’il s’agisse du prix du pain, du taux de chômage, de l’index du développement humain ou d’indicateurs macroéconomiques ou démographiques. Or, prix, taux, index et indicateurs, loin d’être des outils neutres de description des sociétés, ont une vie politique propre et peuvent être lus sous l’angle des processus de légitimation du pouvoir et de la domination : leur formation résulte de multiples procédures qui constituent un véritable enjeu de gouvernement tout en alimentant les répertoires populaires du politique. Pour comprendre les significations politiques des chiffres par lesquelles l’injustice est formalisée, il apparaît essentiel d’historiciser, de localiser et de contextualiser leur production. Il apparaît aussi important d’observer en quoi les représentations du réel par les chiffres sont liées à la définition, à la compréhension et à la stabilisation d’un ordre social donné. Cet atelier vise à explorer, à partir de cas concrets, la place des chiffres dans les modes d’exercice de la domination et les modes d’expression de la contestation en Afrique. Seront notamment prises en compte des contributions qui puissent aider à mettre en exergue :
1\ l’expression par des chiffres de ce qui est considéré comme juste et injuste dans une situation politique donnée ;
2\ la fabrication politique des prix, taux, index et indicateurs ;
3\ l’usage de ces derniers dans les répertoires populaires d’expression de la contestation et du mécontentement.
COMMUNICATIONS
Vincent Bonnecase
« Les statistiques des prix comme lien politique ? Politique des prix et contestation contre la vie chère dans l’histoire au Burkina Faso. »
Irene Bono
« La démographie de l’injustice sociale au Maroc »
Boris Samuel
« Prix, quantification et exercice du pouvoir en Mauritanie »
Marc Pilon
« Différences, disparités, inégalités, inéquités, injustices scolaires en Afrique… Que mesure-t-on réellement ? »