Présentation
Organisé par Denise BRÉGAND, chercheur associé au CEAN.
Ces dernières années, les travaux portant sur l’islam en Afrique ont fait apparaître l’émergence des femmes réformistes sur la scène islamique, émergence marquée par l’effort éducatif et l’étude des textes religieux, l’accès aux lieux de culte, la participation au mouvement associatif, la mise aux normes de la tenue vestimentaire et des modes de vie, critères de réislamisation. Elles déclarent au nom de l’islam, refuser certaines pratiques culturelles (tel le mariage forcé ou arrangé) et faire des choix.
Ces travaux, encore rares, reprennent en général la dichotomie islam confrérique-islam réformiste, dichotomie aujourd’hui discutée, relativisée et qui ignore les femmes ni affiliées à des confréries, ni militantes réformistes, ainsi que les passerelles entre ces deux pôles religieux. L’activisme des militantes réformistes, jeunes en général, s’est trouvé, dans leurs déclarations et dans les travaux qui en rendent compte, associé à la notion de modernité. L’objectif de cet atelier est de revisiter cette opposition entre la condition et les organisations des femmes réformistes et des autres femmes musulmanes (membres de confréries ou non), en tenant compte de l’héritage socioculturel, du statut social, du contexte religieux (islam majoritaire ou islam minoritaire) et politique. Les femmes musulmanes, lorsqu’elles s’organisent, agissent en effet dans des contextes politiques variés : Etats appliquant la législation islamique, Etats démocratiques ou en voie de démocratisation où l’islam domine, Etats officiellement laïcs. Dans un même pays, dans une même ville, elles se trouvent vouées à des vies très différentes selon leur héritage socioculturel, et elles rencontrent des obstacles d’intensité variée pour s’affirmer comme sujet. Que signifie « être moderne » dans ces contextes contrastés ?
Les contributions à cet atelier présenteront des figures féminines islamiques ou des espaces d’initiatives islamiques au féminin, réformistes ou non, à partir desquels sera réinterrogée la notion de modernité. Nous poserons également la question de l’autonomie de ces initiatives féminines par rapport aux hommes.