Présentation
Coordination: Zougbede Emeline
Cet atelier souhaite contribuer à nourrir un débat en cours sur la notion de « migration de travail » dans le champ de la recherche scientifique. En effet, l’étude du travail a longtemps prévalu comme dimension centrale et déterminante des mobilités du point de vue de la recherche française en science
sociales. Le travail y a été à la fois perçu comme l’élément structurant d’un encadrement des migrations et de gestion d’un précariat immigré. Mais cette conception de la migration de travail, qui privilégie le prisme de l’utilitarisme migratoire est à inscrire dans une vision des relations Nords-Suds. En délocalisant les questionnements et problématiques vers les terrains africains d’ordinaire peu sollicité par cette thématique, il s’agit de venir questionner cette notion de « migration de travail ». Les cinq communications qui composent cet atelier articulent ainsi à partir de points de vue singuliers la manière dont travail et migration s’articulent depuis les terrains africains.
La migration de travail entre les pays membres de la CEDEAO
Vamé Alloh
Dans les médias internationaux et l’opinion publique internationale, le phénomène migratoire intra-africain est très souvent banalisé au profit de la migration africaine vers l’Europe. Pourtant, l’OIM, dans son rapport sur la migration en Afrique de 2021, montre que plus de la majorité des immigrés africains ne quittent pas le continent, mais se dirigent vers les centres économiques de leurs sous-régions respectives à la recherche d’emplois. Parmi les cinq principales destinations du continent figure la Côte d’Ivoire. De fait, nous proposons d’analyser les atouts, les limites et les perspectives de cette migration de travail en Côte d’Ivoire.
Les migrations de travail comme moyen de reproduction d’un capitalisme de plantation ? Continuum et continuités du travail servile aux Seychelles dans les années 1950-1970.
Lucas Gatignol
Dans les années 1950-1970, l’archipel seychellois était une colonie britannique post-esclavagiste encore quasi-exclusivement organisée autour de plantations agricoles destinées à l’exportation. Deux formes de migrations de travail étaient alors très présentes : les migrations traditionnelles d’ouvriers
agricoles en direction d’îles éloignées de l’archipel d’une part, des migrations plus récentes d’employées domestiques à l’international d’autre part. Souvent temporaires et solitaires, ces pratiques soulèvent des enjeux propres aux migrations de travail.
La migration de travail en Côte d’Ivoire : enjeux, itinéraires et profil sociodémographique des immigrants du secteur du bâtiment à Daloa (Côte d’Ivoire).
Gué Pierre Guele
La Côte d’Ivoire a un taux de 24% d’étrangers. Débutée depuis la période coloniale pour booster l’économie de plantation, l’immigration à destination du pays connaît de nouvelles orientations dont le secteur du bâtiment qui enregistre périodiquement la présence de nombreux travailleurs venus des pays de
la sous-région. Cette étude a pour objectif, aussi bien d’analyser les déterminants de la présence des travailleurs immigrés dans la production de logements dans la ville de Daloa que leurs itinéraires et leur profil sociodémographiques.
Lire la valeur travail chez les retraités subsahariens en France et en Belgique pour comprendre les épreuves de la migration de travail en Afrique.
Hyppolyte Kouao
Cette communication explore la migration de travail des populations africaines, en se concentrant sur les retraités subsahariens en France et en Belgique. A partir d’une méthodologie mixte et d’un ancrage aux parcours de vie, nous postulons que la migration hors de l’espace africain résulte de l’échec d’un projet
local. Ce faisant, la valeur travail en France et en Belgique et la migration de travail depuis l’Afrique entretiennent des liens étroits.
L’exode artistique au prisme de systèmes économiques et politiques hétéroclites : le cas des artistes du théâtre au Cameroun.
Ginette Ngo Mintoogue
Au Cameroun, la recherche des subventions nécessaires à la production des spectacles de théâtre par les artistes se heurte à une double difficulté : d’un côté la faiblesse de la politique culturelle nationale et de l’autre des politiques de financements exclusives avec des effets manifestes sur l’activité des
compagnies de théâtre. L’un de ces effets est l’exode artistique dont les conséquences politiques et culturelles suggèrent une autre façon de percevoir le travail artistique.