Les Rencontres des Études africaines en France


Retrouvez l'ensemble des ateliers proposés lors des différentes rencontres organisées par le GIS

La gestion du plurilinguisme en Afrique : enjeux et pratiques

Présentation

Coordination: Darrigo Adeline

Modérateur: Pr Athanase Bopda

L’histoire, la construction des États-nations, la mondialisation, les technologies de l’information et de la communication, ainsi que la géopolitique ont modifié le paysage (socio)linguistique des pays africains. Confrontés au plurilinguisme, les gouvernements ont adopté des actions sur les langues dans le cadre de politiques ou d’aménagements linguistiques. La politique linguistique constitue un ensemble de mesures qu’adopte un État à propos d’une ou plusieurs langues parlées sur le territoire relevant de sa souveraineté, pour en modifier le corpus ou le statut, généralement pour en conforter l’usage, parfois pour en limiter l’expansion. La politique linguistique peut consister à faire évoluer le corpus d’une langue en normalisant la graphie et le lexique, ou en favorisant la création terminologique. Elle peut aussi se résumer au changement du statut d’une langue en la déclarant officielle. La politique linguistique peut enfin, recréer une langue dont l’usage était perdu. Toutefois, il convient d’établir une distinction entre les langues effectivement parlées dans un pays et la gestion officielle de celles-ci. Pour les gouvernements d’Afrique, la résolution de la problématique linguistique occupe une place cruciale dans la mise œuvre des politiques nationales et du développement des différents pays. Dans quelle(s) langue(s) doivent être assurés l’enseignement, l’administration ou la justice ? Quelles langues doivent être utilisées dans les échanges économiques et les relations internationales, ou encore dans les domaines des sciences et techniques ?
L’atelier vise à analyser les situations socio (linguistiques) des pays africains. Il examine aussi la coexistence et l’usage des langues dans différents pays du continent. Il étudie également les pratiques langagières, les idéologies et les représentations linguistiques.

Langues, communautés et mobilisations politiques. Une approche sociohistorique des revendications identitaires à base linguistique au Tchad

Gondeu Ladiba

Cette communication entend comprendre les rapports entre langues, communautés et mobilisations politiques au Tchad. Comment les appartenances linguistiques et donc ethniques organisent l’agir politique dans ce pays, en liguant les individus et les groupes les uns aux autres, pour le meilleur mais souvent pour le pire ? Autrement dit, il s’agit de lire l’inscription de ce processus dans un temps long pour en déceler les articulations possibles les instabilités politiques qui travaillent le Tchad. En effet, ce pays est présenté comme multilingue et multiculturel. La diversité ethnique et linguistique au lieu d’être considérée comme une richesse semble, au contraire, participer à la segmentation du champ politique et social. Plus qu’un vecteur de communication, l’appartenance à un même groupe linguistique structure les rapports sociaux et permet souvent d’articuler des revendications politiques, notamment entre arabophonie et francophonie mais aussi entre les sous-ensembles des langues dites nationales. La communication partira des littératures grises existantes sur les questions linguistiques au Tchad pour analyser ensuite, à partir d’un travail empirique et qualitatif, les ressorts des revendications identitaires à base linguistique au Tchad.

Les statuts des langues au Sénégal : représentations économiques

Ndiangue Fall

Dans un pays comme le Sénégal, où il existe 22 langues locales codifiées : wolof, pulaar, sereer, joola, mandingue, soninké, hasaniya, balant, mancagne, noon, manjaku, mёnik, oniyan, saafi, guñuun, laala, kanjad, jalunga, ndut, bayot, paloor et womey, l’arrivée de textes internationaux et la diffusion de l’information posent la question de savoir dans quelle(s) langue(s) les populations doivent être informées. Tandis que le français, langue officielle, de l’administration, des médias, du monde des affaires, des systèmes éducatif et judiciaire, n’est compris que par environ 70% de la population, le wolof comme véhiculaire principal, pratiqué et compris par un peu plus de 80% de la population, bénéficie d’un statut privilégié dans la gestion du quotidien des populations. D’où les revendications pour le développement d’un multilinguisme langues locales / langues étrangères dans le système éducatif qui se font aujourd’hui de plus en plus pressantes. Ainsi le plurilinguisme généralisé en Afrique et plus particulièrement au Sénégal pose un problème à tous les niveaux. Dans cette optique, notre choix s’est porté sur les places qu’occupent les langues au Sénégal. De ce fait, quelles sont les langues les plus usitées au Sénégal ? Quelle est la place réelle qu’occupe le français dans notre territoire ? Quel est le rapport entre le français et les langues nationales ? Quelles sont les possibilités de promotion économique et sociale offertes par le français et les langues nationales ? Notre principale hypothèse étant de mettre en évidence les statuts qu’occupent ces langues au sein de la société Sénégalaise. Pour ce faire, nous avons structuré notre étude en trois sections. La première s’articule autour des six premières langues les plus importantes et le français, comme langue officielle. La deuxième concerne le rapport entre le français et les langues nationales et la dernière est consacrée aux possibilités économiques qu’offrent les principales langues.

Multilingualism and public health care in Africa : approaches and practices

Beng Elingui-Nyoma Marie Théodule

This study focuses on multilingualism in health communication in globalizing and linguistically diverse contexts. It aims at investigating communicative practices among multilingual participants in public healthcare in Yaounde (Cameroon) and Conakry (Guinea). Physicians, nurses and other health providers report a wide range of linguistic repertoires. English and French afforded the status of the official languages after the independence. Even so, a certain portion of the population is not fluent in French or English. This raises the questions regarding communicative challenges and how this may have a negative impact on the
quality of healthcare in both countries. The study has a qualitative research design, using a questionnaire to collect data from healthcare providers. What are the linguistic repertoires of the health care providers? How did the health care providers in the study acquire other languages than their mother tongue? How does the health care providers’ identity affect their communication in the workplace ? What are the linguistic and communicative practices established in the workplace that facilitate or inhibit the provision of quality health care ? In what way do the health care providers use French or English as well as native languages or lingua franca in professional communication with patients ?

Le français en situation de plurilinguisme au Cameroun : étude des calques des parlers locaux au français dans les réseaux sociaux

Akono Martin Brice

L’interférence linguistique est une réalité indéniable dans les sociétés où cohabitent plusieurs langues. D’après Mackey (1976), « l’interférence est l’utilisation d’éléments appartenant à une langue tandis que l’on parle ou écrit une autre langue ». Au Cameroun, elle est un phénomène manifeste du point de vue socioculturel. En effet, le pays est en situation de bilinguisme, où le français et l’anglais sont les langues officielles. On y trouve également près de 250 parlers locaux. Cette cohabitation aboutit inexorablement à des colorations locales dans la pratique du français. Nous avons en l’occurrence le phénomène de calque qui se traduit par la reproduction littérale par les locuteurs des éléments des parlers locaux en français. Compte tenu du fait que chaque langue obéit à des règles qui lui sont spécifiques, il va sans dire que le résultat d’un tel processus n’est toujours pas favorable au niveau de la réception. Ainsi, sous quelles formes se manifestent les calques des parlers locaux dans la pratique du français et quels sont les enjeux inhérents à un tel phénomène ? Comme hypothèse, nous formulons qu’à priori, les calques s’observent sous les angles sémantique, phonétique, syntaxique, morphologique, stylistique, voire idéologique et les enjeux pourraient être tout autant dépréciatifs que positifs, des points de vue socioculturel et scientifique. Notre objectif est de montrer en réalité, dans cette contribution, que même si le résultat n’est pas toujours apprécié favorablement relativement à l’usage des calques, il n’en demeure pas moins qu’ils peuvent non seulement constituer le vecteur d’une socioculture, tout autant variée que diversifiée de plusieurs peuples, mais aussi constituer un facteur dynamique et d’enrichissement de la langue française. Pour l’atteindre, nous comptons partir des échanges dans les réseaux sociaux, plus précisément dans les groupes WhatsApp qui présentent une diversité régionale des membres, chacun avec ses spécificités culturelles. En optant pour une démarche qualitative, nous pouvons nous appuyer sur la théorie guillaumienne dans les analyses, afin d’examiner les différentes visées de discours des locuteurs.

Translation and artificial intelligence in Sub-Saharan Africa : new practices and challenges

Darrigol Adeline

Artificial intelligence and its applications are impacting all sectors of activities. Today, communication devices process human language. This shift is having an effect on translation. Sub-Saharan Africa is a multilingual space. There are approximately 2,000 languages spoken in this part of the world. People of this region work, exchange, create and act using a multiplicity of languages in diverse social and cultural contexts. The multilingualism reflects a range of interests and suggests a long history. It also arises the need for interlingual communication. In Sub-Saharan Africa, translation plays a crucial role in social, cultural and linguistic spheres. The paper is aimed at evaluating new challenges facing translation in Sub-Saharan Africa due to globalization, social changes and impact of new technologies. It seems important to understand the recent progress made in the field and in related research. The paper assesses impacts of artificial intelligence on language policies, training of translators, teaching and practices of translation in Sub-Saharan Africa. It uses theoretical tools and sociolinguistic point of view. The assumption here is that policy-makers, translators and private sectors need to develop a broad understanding of current and future challenges associated with translating different genres in a multilingual universe. The paper deals with translation and multilingualism, methods of teaching translation, training of translators, effects of artificial intelligence in translation practices, exploration of the translation market (offer, demand, access and regulation).

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