Présentation
Réputée « inhospitalière », la médecine et la santé en général en Afrique n'en connaissent pas moins des développements et des évolutions considérables. Domaine d'intervention étatique, objet de politiques publiques, la santé est un service public traversé de logiques multiples, parfois concurrentes, souvent chaotiques mais toujours révélatrices des mutations de l'action publique, de rapports socio-politiques plus larges et de la capacité de l'Etat à produire les biens publics et à réguler la société. La question de l'accessibilité à la santé nous semble offrir une interrogation fructueuse pour interroger, à nouveaux frais, les problèmes que connaissent les Etats africains en termes d'action publique. De fait, en Afrique, comme ailleurs mais sans doute plus dramatiquement qu'ailleurs, « l'accès aux soin » se décompose en plusieurs séquences, qui sont autant d'épreuves d'Etat. L'action publique, en effet, est une action segmentée, impliquant de nombreux intervenants et des parties prenantes (décisionnaires et publics cibles) dont les buts et les intérêts ne sont pas forcément cohérents.
Ce panel se propose donc de réunir des communications susceptibles d'éclairer ces différentes épreuves. Il interrogera, plus particulièrement, deux types d'épreuves :
(1) L'application par les gouvernements locaux de mesures publiques inspirées ou décalquées de « recettes internationales » pour la santé, destinées à en réguler et à en faciliter l'accès : Initiative de Bamako, gratuité avec ciblage des bénéficiaires et / ou par pathologie (et expérimentation randomisée), couverture universelle, transports, lutte contre les inégalités territoriales en matière d'offre de soins, etc. On s'intéressera, notamment, à la mise en œuvre de ces dispositifs complexes dans des environnements qui n'ont pas nécessairement été préparés à les recevoir, qu'il s'agisse des infrastructures, des ressources, des institutions gouvernementales, des pratiques de la bureaucratie ou des attentes des usagers
(2) L'articulation ou la désarticulation entre les différentes instances ou les différents acteurs de l'action publique. On portera une attention particulière aux étapes de la mise en œuvre et à la coordination entre les acteurs étatiques mais aussi à l'effets des divergences d'intérêts comme à l'influence des opportunismes sur celle-ci. La nature des régimes, la plus ou moins grande dépendance vis-à-vis des élections ou des groupes de pression ont une influence sur l'ensemble du processus et sur la capacité de l'Etat à concevoir et à mettre en œuvre des politiques nécessaires et acceptables par les citoyens. De même, les scandales sanitaires ou d'accès aux soins qui, médiatisés, peuvent susciter des épisodes de contestation ou de réprobation publique, participent de la construction des problèmes publics en matière de santé publique. Ils jouent, de ce fait, un rôle dans la mise à l'épreuve de l'action publique et de sa politisation.
Communications
Oriane Bodson, Elisabeth Paul, Valéry Ridde, Fabienne Fecher-Bourgeois
Mind the gap. Analyse de la mise en oeuvre du « FBR-demande » au Sénégal et appréhension des écarts d’implantation et normatifs
Alice Furtado
La prise en charge du paludisme et ses effets sur le recueil de données : Le cas de Saint-Louis au Sénégal
Annamaria Fantauzzi
Accès aux soins à Bona (Casamance – Sénégal) : ce que le « toubab » représente avec son paracétamol !
Clément Soriat
L’art de bricoler du sens. Les « courtiers du sida » béninois comme médiateurs et artisans de la production normative structurant l’action publique