Présentation
Organisé par Comi TOULABOR, CEAN et Dominique DARBON, Professeur de science politique Sciences Po Bordeaux.
Assez floue et peu opérationnelle, la notion de classes moyennes ne cesse de fluctuer selon son contenu, ses critères d’identification et ses usages dans le temps, rendant problématiques et aléatoires ses corrélations établies avec le développement, la croissance, la stabilité politique ou la démocratie tout particulièrement.
En Afrique subsaharienne elles sont d’autant plus faibles que les formes du marché du travail, la concurrence de plusieurs modes de production et systèmes normatifs, la nature des activités socioprofessionnelles et la prégnance de la pauvreté ne cessent d’en diluer la présence. L’interrogation sur les classes moyennes en Afrique permet de rendre visible et de tenter de penser, les catégories sociales invisibles et impensées constituées par l’ensemble des individus qui émergent de la précarité sans être pour autant à l’abri d’un déclassement rapide.
Cet atelier se propose de revisiter cette notion à la fois trop pleine et trop vide qui a fait les beaux jours la littérature en SHS d’une part et d’autre part de valider ou d’invalider par des études de cas les différents corollaires sous-jacents toujours présents quand cette notion est évoquée. On peut dès lors interpréter cette notion de classes moyennes non plus comme un critère automatique d’opposition, de conflit ou de lutte sociale mais comme un élément majeur d’interprétation de la stratification sociale ouvrant des jeux d’interactions majeurs pour la constitution des alliances pour le pouvoir et l’action. L’identification et l’interprétation de ces processus de formation de catégories sociales à partir d’enquêtes systématiques est la condition d’une interprétation empiriquement fondée des mouvements en cours.