Présentation
Les installations coloniales en Afrique s’accompagnent de la mise en place de dispositifs nécessaires aux circulations, entre les métropoles et les territoires dominés mais aussi à l’intérieur des territoires. Des moyens industriels de transport (maritimes, ferroviaires et routiers) sont progressivement créés, remplaçant les pratiques de portage de la conquête et des premiers temps de la colonisation. Ce sont souvent les premières entreprises industrielles des territoires dominés, et elles restent parmi les plus importantes. Les compagnies ferroviaires ou de navigation maritime sont ainsi des lieux d’imposition, mais aussi de transmission, de savoirs-faire et de pratiques industrielles. Le transport routier, quoi que plus artisanal, participe aussi à ces transferts (conducteurs, mécaniciens...). Ces industries embauchent des travailleurs issus des sociétés locales, qui deviennent des professionnels de la circulation sur de plus ou moins longues distances. Ces ouvriers sont alors enserrés dans une organisation du travail et du temps qui s’impose aux corps. Ils sont employés dans des conditions qui les rapprochent des travailleurs des entreprises industrielles en Europe. Mal équipés, ils sont engagés dans des tâches pénibles et dangereuses (chauffage, portage, travaux de force...) qui contraignent et abîment les corps. Ces dégâts se constatent en particulier à l’occasion des accidents et des maladies, des punitions et des licenciements. Les travailleurs sont aussi soumis à des rythmes dictés par l’organisation industrielle du travail, imposés par une discipline rigide et bureaucratisée. S’y ajoutent des pratiques discriminatoires liées à la situation coloniale assignant les Africains à certaines tâches et limitant leur évolution professionnelle. Au cours du XXe siècle, des législations plus protectrices sont instaurées, des contestations surviennent et des syndicats apparaissent, mais leurs conséquences sur les réalités du travail se diffusent lentement. Cet atelier souhaite accueillir des communications qui étudient l’impact des méthodes et pratiques industrielles dans les entreprises coloniales de transport sur les corps des travailleurs de la circulation.
Coordination : Simon Imbert-Vier
Communications
Laurent Jolly
Travailleurs en situation coloniale et prolétariat maritime : quelles convergences ? Le cas des soutiers et chauffeurs de Djibouti (1869-1939)
Daniel Tödt
Corps surveillés, corps rebelles. La navigation à vapeur belge et les marins congolais dans l'entre-deux-guerres
Elena Vezzadini
Hiérarchies, salaires et invisibilités des corps : négocier le travail des cheminots au Soudan colonial (1945-1952)
Simon Imbert-Vier
Corps au travail des cheminots éthiopiens (1946-1981)