Présentation
En tant que jeunes chercheur.e.s en littératures des Afriques (Swahili, Bambara, Hausa, IxiXhosa, Arabe, Tigrinya, Français, Anglais, Portugais, Espagnol, Allemand, Pidgin English etc.), travaillant sur les textes dans les langues originales et/ou les traductions, depuis les mondes, comment abordons-nous la double question liée de la méthodologie et de la positionnalité ? Y a -t’il des différences entre lire Euphrase Kezilahabi depuis Dar es Salaam et le lire depuis Paris ? Peut-on vraiment comprendre Bubakar Bóris Jóbb, lauréat du Neustadt International Prize for Literature 2022, sans jamais connaître ‘les univers sonores de Dakar’ ? (Ngom, 2018 : 43) Peut-on entrer avec assurance dans l’univers multiple d’Assia Djébar, lauréate du même prix en 1996, sans entendre la poépuissance de l’Arabe dans ces productions en français ? Quelle place occupe la double conscience dans la relation aux textes ? Comment est-ce que la lecture de ‘l’intérieur’ nous enrichit davantage ? Peut-elle nous appauvrir ? Comment éviter le piège de « recycler sans recul l’héritage conceptuel de la littérature africaniste » ? (Mballa, 2020, non paginé) À quel moment faut-il se détacher des grilles de lecture développées hors des contextes d’écriture mais qui nous garantissent l’entrée dans le cercle des consécrant.e.s ? Comment dessiner sa positionnalité de jeunes chercheur.e.s sans assurance d’affiliation ? Comment faire circuler des approches inédites conçues en Wolof ou une approche relationnelle développée sur le terrain aux Comores ? ‘Will the Master’s tools dismantle the master’s house?’ (Audre Lorde). Comment éviter la « critique la plus ennuyeuse de la terre, accrochée à ses problématiques ou à ses thématiques, tunnels généraux, étroits, où les œuvres cheminaient comme du gros bétail et certaines mouraient étouffées sous la lourdeur des concepts, la graisse du jargon, la fadeur des sujets » ? (Mbougar Sarr, 2021 : 59) En somme, comment partir des études littéraires pour repenser les Études Africaines sur les plans épistémologique, méthodologique, théorique, structurel et personnel ? (Kessi, Marks et Ramugondo, 2020)?
Cet atelier propose de réunir de jeunes chercheur.e.s en littératures des Afriques de divers horizons géographiques et linguistiques, qui se posent ces questions déterminantes pour la poursuite de leur voyage vers les littératures des Afriques et leur place dans l’étude des littératures des Afriques, une discipline-carrefour en Études Africaines.
Coordination : Rémi Armand Tchokothe
Communications
Maroua el Naggare
Réflexions sur la théorie du standpoint, la double conscience et la subjectivité collective
El-Shaddai Deva
Les « ami.e.s » allemand.e.s de la littérature africaine : De la positionnalité des traducteurs.trices africain.e.s d’œuvres francophones d’Afrique
Rémi Armand Tchokothe
(Re)lecture des (con)textes au Kenya, en Tanzanie et aux Comores