Présentation
Coordination: Debbiche Mathilde
Montée des eaux, sècheresse, Grands Lacs africains menacés par les explorations pétrolières, trafic du bois : Comment les pays d’Afrique de l’Ouest font-ils face à ces défis écologiques ? Régions anciennement colonisées, peut-on considérer que ces questionnements écologiques sont le résultat d’une domination coloniale attestant l’hypothèse du néo-colonialisme ? Et comment lier ses défis écologiques à l’affirmation d’une identité culturelle ouest africaine post-coloniale qui se comprend notamment à travers les pratiques culturelles culinaires ? Thiéboudienne, Poulet Yassa, Riz Jolof, Foufou, plats disposant d’une renommée internationale grâce à une diaspora ouest africaine – ne sont-ils pas en périls compte tenu des catastrophes écologiques ? Et, par conséquent, ne remettent-ils pas en cause l’affirmation de l’identité culturelle ouest-africaine ? En somme, comment l’Afrique de l’Ouest pense-t-elle son futur propre entre défis écologiques et nécessité d’affirmation culturelle qui a été déniée pendant la violence de l’époque coloniale ? Cet atelier se propose de comprendre l’impact de la colonisation sur les écologies ouest- africaine, mais aussi de comprendre de façon politique et sociale comment elles relèvent ou non ses défis. La première proposition de Marine Scandella portera sur une étude féministe des plats traditionnels ivoiriens. Foutou, poisson fumé, comme étant à la croisée d’une affirmation culturelle identitaire ainsi que d’un problème de santé publique majeur puisque les femmes-cuisinières sont les plus exposées à la pollution de l’air intérieure issue des fumées de combustion. De plus, l’utilisation plus ou moins intensive de ses biocombustibles sont associés à des pratiques de déforestation remettant en cause le traditionalisme de la cuisine ivoirienne. Dans un second temps, la proposition de Louise Barré consistera à étayer les différentes explications socio-anthropo-historiques de la consommation alimentaire en Afrique de l’Ouest. A la croisée des expériences coloniales, des transferts culturels continentales entre le IIIe et IIe millénaire avant notre ère, l’objectif sera de montrer comment certains produits peuvent servir de base à un imaginaire politico-colonial – mais pas uniquement – qui façonnent les choix alimentaires en Afrique de l’Ouest. Enfin la dernière proposition de Marie-Christine Cormier-Salem s’interrogera sur les liens entre patrimoine, territoire et identité à travers l’exemple des femmes joola de Basse-Casamance au Sénégal, qui maîtrisent la chaîne de valeur des huîtres de mangrove. L’objectif étant de re-visibiliser ce savoir et savoir-faire féminin pour comprendre le territoire comme un biome nourricier forgeant une nouvelle identité.
Autour des choix alimentaires. Revue de littérature sur l’histoire des goûts en Afrique.
Louise Barré
Cette proposition consiste à passer en revue la diversité des facteurs historiques déterminant le « choix » alimentaire. Si l'historiographie permet bien d’étayer les explications écologiques et culturelles, elle insiste aussi sur les contraintes commerciales comme les représentations politiques qui interviennent dans les décisions individuelles.
Les mangroves, un biome nourricier identitaire pour les pêcheuses d’huîtres joola, Sénégal
Marie-Christine Cormier-Salem
A travers l’exemple de la mangrove, cette communication s’interroge sur la notion de biome nourricier, sur le système de valeurs - instrumentales et relationnelles - associé à la biodiversité et les liens entre patrimoine (notamment culinaire), territoire et identité.
Le bois et le charbon : un problème de santé à Abidjan
Marine Scandella
Les pratiques de combustion de bois et de charbon de bois propres aux habitudes alimentaires ouest- africaines posent, selon la communauté scientifique et les instances internationales, des enjeux complexes de pollution atmosphérique en ville et de déforestation, des enjeux sur lesquels il faut agir pour la santé des populations et de l'environnement. Toutefois, cet état de fait est nuancé par le contexte socio-économique de ces usages, puisque ces pratiques sont également garantes de la survie des populations qui travaillent au sein de l'économie informelle.