Présentation
La visibilité du Nigéria au niveau international a sensiblement augmenté depuis 2010, d’abord en raison de l’insurrection de Boko Haram et de sa médiatisation, mais sans doute aussi de l’influence grandissante des artistes nigérians sur la scène musicale, littéraire et cinématographique mondiale ainsi que de l’image de Lagos, symbole ultime de la mégapole africaine. Par ailleurs, la résurgence régulière de conflits meurtriers liés à l’accès au foncier ou aux ressources - souvent réduits à des questions religieuses ou même « ethniques » - garantit le maintien du Nigéria dans le champ de vision des médias tout en favorisant une lecture simplificatrice de phénomènes extrêmement complexes.
Le pays le plus peuplé d’Afrique, qui est également la première économie du continent, est aujourd’hui incontournable, mais reste paradoxalement peu investi par la recherche française, toutes disciplines confondues. Cette frilosité à s’approprier le terrain nigérian, sans doute plus institutionnelle qu’individuelle, semble moins imputable à la barrière de la langue qu’aux problèmes d’accès et de sécurité. Toujours est-il que la production de connaissances scientifiques sur le Nigéria en France n’augmente pas ; au contraire, le nombre de thèses en SHS menées en France sur le Nigéria tend à diminuer ces dernières années. Mis en perspective des activités de recherche menées dans les pays anglophones et ceux d’Europe du Nord, cet intérêt limité apparaît comme un retard.
Or le Nigéria, par son poids démographique, son rôle économique et politique, mais aussi son influence culturelle, en Afrique et au- delà, suscite un « besoin d’analyse » auquel répond une offre exponentielle de consultance et d’expertise qui, souvent, supplante la recherche empirique. De récents travaux en SHS démontrent néanmoins la faisabilité des recherches au Nigéria - y compris des terrains ethnographiques - et soulignent la pertinence des approches pluridisciplinaires et partenariales.
À travers la présentation de travaux individuels et de programmes de recherche en Sciences Humaines et Sociales menés au Nigéria ces dernières années, l’objectif de cet atelier est de montrer pourquoi les « études nigérianes » sont amenées à se développer au sein de la communauté scientifique francophone mais aussi d’identifier les enjeux de (co)production des savoirs sur, et dans ce pays.
Coordination : Élodie Apard
Communications
Émilie Guitard
Comme un arbre dans la ville. Appréhender les relations au végétal à Ibadan (Nigeria)
Camille Lavoix
Le Nigeria, un acteur incontournable, mais sous-représenté de l’écocritique
Sara Panata et Cyrielle Maingraud Martinaud
Le projet NaijaArchives. Enjeux et potentialités d’un projet de numérisation d’archives militantes et institutionnelles nigérianes à l’ère des humanités digitales
Marc-Antoine Pérouse de Montclos
Heurts et malheurs d’une base de données sur la violence : un retour d’expérience à partir du projet NigeriaWatch (2006-2022)
Lucie Révilla
L'appropriation de la révolution iranienne au Nord Nigéria. Éléments de réflexion et perspectives de recherche