Présentation
Ce panel souhaite contribuer au débat pluridisciplinaire autour des enjeux de mise en visibilité de certains lieux ou territoires marquées par la présence de migrants en situation irrégulière. Par irrégularité, on désigne des formes de présence dans un territoire (et tout ce qui l’entoure) caractérisées par un déficit de reconnaissance de la part de l’État. Comment se positionner dans la recherche sur de tels espaces et négocier la « bonne distance » vis-à-vis d’acteurs associatifs, politiques et institutionnels engagés sur le terrain afin de ne pas cristalliser les tensions ? Quelles formes de reconnaissance la recherche peut-elle enclencher ?
Au-delà d’une opposition entre gouvernants et gouvernés, gestionnaires et bénéficiaires, « régulateurs » et « régulés » ce panel souhaite questionner la façon dont peut être restituée la fabrique politique de l’irrégularité à partir de la mise en récit des expériences. Avec quelle démarche méthodologique et quels outils ? L’enjeu est bien de construire une image nuancée des modalités d’ancrage et de circulation, que ce soit dans les sociétés africaines ou dans d’autres contextes. Autrement dit il s’agit de travailler la diversité des appartenances sociales et géographiques dans les pratiques de migration afin de contribuer à faire reconnaître l’ambiguïté des institutions vis-à-vis des activités, des sociabilités, des réseaux produits par les migrants entre visibilité (nécessaire à l’interaction sociale, que ce soit dans l’espace social ou numérique) et invisibilité (ce qui échappe aux cadres normatifs de l’institution).
Ce panel souhaite donc offrir un espace de réflexion à partir de recherches portant sur les enjeux de reconnaissance de lieux et de liens produits par la mise en visibilité de l’irrégularité. La confrontation de travaux menés en Afrique et hors d’Afrique sur les expériences migratoires africaines vise à questionner l’empilement d’expériences de politiques de l’irrégularité pour certains segments de « circulants ». Le croisement de regards et de démarches portés par des chercheurs, des acteurs associatifs ou des artistes serait particulièrement bienvenu.
Coordination : Amandine Spire
Communications
Stéphane Le Courant
« Dar cariño » : construire un futur commun dans un territoire désert
Emeline Zougbede
Les travailleurs sans-papiers et la CGT : la mise en visibilité d’espaces collectifs de lutte
Jérémy Baudier
L'accompagnement d'exilés se déclarant Mineurs Non Accompagnés : institutions et collectifs bénévoles en tensions ?
Jean-Baptiste Lanne , Olivier Cousin et Delphine Leroy
Changer de focale ? Déclenchement et désajustements d’un projet de recherche-action par le film à Grigny, auprès de personnes en situation de migration irrégulière
Léa Keller
La mise à l'épreuve des politiques de protection de l'enfance pour les jeunes migrants: quand l'irrégularité survient à la majorité. Témoignages et hypothèses aux frontières du droit au séjour