Présentation
Au-delà des débats sur la place de l'Afrique dans le monde et dans les dynamiques anciennes de la mondialisation, dans lesquelles le continent s'est inscrit bien avant le XVIe siècle (Beaujard, 2012), nous souhaitons aborder à travers cet atelier la question des souverainetés locales dans leurs relations complexes aux traites négrières atlantiques et indianocéaniques. Entre le XVIIe et le XIXe siècle, la traite des esclaves constitua l'un des commerces les plus importants en Afrique et dans le monde. De fait, ce continent joua un rôle économique majeur à l'échelle mondiale en fournissant une main-d'œuvre servile nécessaire tant dans des plantations américaines que dans des mines asiatiques.
A partir du XVIIe siècle l'intensification de la traite transatlantique, à des effets politiques que nous aimerions explorer davantage. C'est à cette période que des réseaux marchands cosmopolites – comprenant des Européens, des Africains, des Arabes, des groupes métis – se constitue et pèse diversement sur des chefs et souverains d'importance variable. Partout sur le continent africain, le contrôle de ports de traites devient un enjeu fondamental. C'est par exemple le cas en Sénégambie et à Madagascar où des pouvoirs locaux ont été les principaux bénéficiaires des retombées fiscales issues de taxes imposées aux commerçants européens. Cette question est l'un des exemples que nous souhaitons explorer à travers une lecture politique de la traite en termes de souveraineté (Surun, 2014). Cette approche comparative se double d'une volonté de valoriser des recherches émergentes s'appuyant sur des sources inédites ou peu exploitées, présentes dans les archives occidentales et africaines. Dans le cas de l'océan Indien, l'analyse plus systématique de journaux de bord, de rapports et correspondances se trouvant dans les archives de la Compagnie des Indes Orientales (V.O.C.) aux Pays-Bas, se révèle prometteuse comme l'ont montré quelques pionniers (Ellis & Randrianja 2001). Il s'agit de documents d'une grande richesse qui permettent de contribuer à l'histoire de communautés politiques littorales (notamment Sakalava, Betsimisaraka). Cet atelier entend faire le point plus généralement sur les ressources archivistiques européennes et africaines moins connues qui débouchent sur une connaissance plus fine de l'histoire politique du continent entre le XVIIe et le XIXe siècle.
COMMUNICATIONS
Klara Boyer-Rossol
Traite illégale, jeu d’alliances et volonté d’indépendance de pouvoirs africains dans le canal du Mozambique au XIXe siècle
Elisabeth Heijmans
Les comptoirs européens face à la souveraineté africaine : le cas de Ouidah au début du XVIIIe siècle
Cheikh Sene
Commerçants français et pouvoir royal en Sénégambie : les « coutumes » une expression de souveraineté pour la navigation sur le Fleuve Sénégal, XVIIIe-XIXe siècle
Ousmane Seydi
Comptoirs européens au sein des royaumes de la Sénégambie aux 17ème et 18ème siècles : une interférence de souverainetés ?
Rafaël Thiebaut
Essor de la traite des esclaves et souveraineté politique de communautés côtières malgaches au XVIIIe siècle