Présentation
Cette table-ronde s’inscrit dans la suite de la tribune portée par les différents GIS du CNRS et de différentes initiatives de plaidoyer, dans un contexte marqué par des difficultés grandissantes, voire des pratiques arbitraires, dans la délivrance des visas pour nos collègues et étudiants du continent africain. La privatisation de l’accès aux consulats pour la prise de rendez-vous, l’inflation des documents demandés allant parfois au-delà des exigences règlementaires constituent un coût temporel, humain et financier qui met en péril les partenariats scientifiques existants et la construction de nouvelles formes de collaboration, ainsi que la volonté de « rayonnement international » portée pourtant par les institutions universitaires et de recherche et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Dans le prolongement de la question de l’accès aux visas, se pose plus globalement la question de la circulation des chercheur·ses et étudiant·es qui reste marquée par des différenciations, des inégalités non seulement entre Europe et Afrique mais aussi à l’intérieur du continent africain. Ainsi, la notion de « terrains empêchés » utilisés en Europe pour désigner des espaces devenus inaccessibles pour les chercheur·ses occidentaux, soit en raison des contextes sécuritaires, soit sur « coloriage » du MEAE (ou sur décision des FSD des institutions universitaires et de recherche), pourrait être élargie. En effet, l’accès des chercheur·ses africains à des terrains européens par exemple, reste souvent inaccessible faute de financement et/ou d’outils d’appui à la mobilité et au partenariat adéquats. Dans la continuité, des formes de « sous-traitance » de terrains de recherche peuvent se développer dans des contextes où les chercheur·es occidentaux n’ont plus d’accès directs. Ces différentes situations qui s’articulent à la réflexion sur les terrains empêchés et les inégalités de circulation interrogent les modalités de collaborations et de partenariats entre les continents.
Ainsi l’objectif de cette table-ronde est d’ouvrir le débat sur les circulations des chercheur·es et étudiant·es, mais aussi des acteurs culturels, de la société civile du continent africain, qui font tous face aux mêmes difficultés. Quelles sont les pratiques, formelles ou informelles, des différents acteurs et institutions pour face aux contraintes imposées aux circulations ? Comment construire des convergences dans les modes de plaidoyer et d’actions, sans se restreindre à des corps de métiers spécifiques ? Comment construire des modes de collaboration équitable entre acteurs et institutions ?
Intervenant·es
- Sébastien LAUSSEL, Directeur de Zone Franche — Le Réseau des musiques du monde
- Stéphanie Lima, Directrice adjointe du GIS Afrique
- Oumarou Hamani, Directeur scientifique du LASDEL
- Dominique Dumet, conseillère scientifique Afrique, IRD
- Sylvain Cloupet, ancien attaché universitaire au Niger et représentant de l'IRD au Maroc
- Anne-Françoise Zattara, vice-présidente relations internationales de l'Université de la Réunion, vice-présidence de la commission Afrique du Forum Campus France
- Barbara Motovitch, Directrice de l'IFRA Ibadan-Nigeria
- Joachim Yameogo, Mathématicien du CIMPA