Montagnes d’Afrique tropicale, montagnes périphériques, montagnes intégrées ? (bilan des savoirs géographiques et perspectives de recherche)
Les Rencontres des Études africaines en France
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Montagnes d’Afrique tropicale, montagnes périphériques, montagnes intégrées ? (bilan des savoirs géographiques et perspectives de recherche)
REAF 2006 Études africaines : état des lieux et des savoirs en France Paris
Présentation
En terme de bilan, la géographie des hautes terres d’Afrique tropicale, a fait jusqu’à présent l’objet d’approches classiques qui ont toutes en commun d’avoir considéré cet objet géographique dans ses singularités, comme un objet propre, souvent atypique, souvent périphérique aussi, voire isolé (cf. la notion de bastion, d’irrédentisme...). Ont été particulièrement étudiées les particularités physiques (géomorphologie et climatologie de l’arc camerounais par exemple) sociales (exemple des Peuls du Fouta Djalon), agricoles (les systèmes paysans du pays Bamiléké et du Rwanda), démographiques (la question des densités depuis les travaux pionniers de Pierre Gourou sur les densités du Ruanda-Urundi), voire géopolitiques (à l’instar de ce qui a pu être fait sur l’Éthiopie) etc.
En terme de perspectives de recherches émergentes, il nous semble qu’il y a trois chantiers importants à envisager, qui ont en commun de ne pas considérer la montagne comme un objet géographique isolé mais au contraire comme intégré au fonctionnement de systèmes physico-humains dont l'enveloppe territoriale déborde le cadre montagnard stricto sensu :
- la montagne comme amont de systèmes géographiques complexes, au cœur d'enjeux majeurs de partage des ressources.. Doit être particulièrement privilégiée la question de la ressource en eau (exemple du bassin du Nil, sur lequel une synthèse serait particulièrement bienvenue, qui devrait mobiliser un programme international pluridisciplinaire, intégrant l’amont (sources, Grands Lacs) et l’aval (de l’Équateur à la Méditerranée).
- montagne et mobilités : dans des contextes de vigoureux gradients où beaucoup d’espaces montagneux apparaissent comme des « bastions ethno-démographiques » sujets à de nombreuses turbulences, il est urgent de travailler de façon plus approfondie sur l’insertion de ces montagnes dans une grande diversités de mobilités : si certaines sont dites « traditionnelles », beaucoup expriment des situations de crise ou au contraire signent l’ouverture de ces montagnes à la modernité, par l’intermédiaire du tourisme, du renforcement des liens à la ville et de l’ouverture au monde, avec le rôle des nouveaux moyens de communication.
- les dynamiques d'intégration des espaces montagnards aux espaces de l'État et de la mondialisation. Ce troisième volet découle directement du précédent. Beaucoup de ces espaces montagnards, par le biais de leurs ressources (agricoles, touristiques etc.) n'ont plus rien à voir avec des marges, mais se positionnent clairement au cœur des enjeux de la modernité, avec, de plus en plus de nouvelles logiques de production spatiale, où sont peu à peu gommés les binômes traditionnels montagne-plaine, ville-campagne au profit d’espaces originaux, profondément métissés qui imposent aux chercheurs une imagination conceptuelle nouvelle susceptible de dépasser les catégorisations spatiales classiques.
- La montagne au cœur de l’innovation territoriale, tel peut être l’axe fédérateur des recherches à venir.